Un divorce à l’amiable, combien ça coûte ?
Il est désormais possible de divorcer sans avoir à passer devant un juge.
C’est ce que l’on appelle un divorce par consentement mutuel, ou divorce par acte d’avocat.
Avant d’aborder le détail de la procédure, laissez-moi vous raconter une anecdote représentative de ce qui se produit à l’heure actuelle.
Anecdote sur une demande de procédure de divorce
La demande
Un Monsieur fait une interrogation via le site Alexia.fr, à la recherche d’un avocat disponible, diligent et peu onéreux pour une procédure de divorce dans la zone géographique des Landes.
Il est marié sous le régime de la communauté depuis 1991, séparé de son épouse depuis 2018 et ensemble ils sont parents de 3 enfants dont la plus jeune est encore mineure.
Le couple a procédé à la vente du bien immobilier commun, et ils paraissent d’accord quant au partage du reste (épargne, véhicules, meubles…).
Ma proposition
Je lui réponds que sa situation tant matrimoniale que patrimoniale me paraît effectivement assez simple. Elle nécessitera néanmoins la préparation en amont, puis la rédaction d’une convention qui sera établie en concertation si un consentement mutuel est possible. La rédaction de cette convention doit être très précise et détaillée, comme il se doit pour tout dossier traité avec sérieux. Plusieurs échanges avec l’avocat de son épouse seront certainement nécessaires.
Je lui explique ensuite les délais de réflexion, les conditions de signature puis d’enregistrement qui s’appliquent, pour arriver jusqu’à la transcription du divorce sur les actes d’état civil.
Enfin, je lui indique que pour l’ensemble de ces opérations, je serai amenée à lui facturer un honoraire qui ne pourra être inférieur à 1 200 € HT auquel se rajoutera le coût des frais d’enregistrement (50,40 €).
Bien qu’il s’agisse-là d’un montant d’honoraires déjà extrêmement limité, je lui précise qu’en fonction de sa situation personnelle, cette somme pourra être payée en plusieurs échéances.
Je lui explique enfin avoir pour habitude de travailler avec un confrère qui pourra intervenir pour son épouse si elle le souhaite : la nouvelle procédure de divorce par consentement mutuel oblige les époux à avoir leur propre avocat.
Sa réponse
Celle-ci ne se fait pas attendre. Après m’avoir remercié pour la célérité de sa réponse, voici les termes de son courriel :
Je trouve votre proposition d’honoraire de 1 200 €, pour chacun, très élevée, pour une situation matrimoniale qui est, et qui vous apparaît, effectivement assez simple.
En effet, j’avais plutôt comme cible un coût complet de 1 200 € TTC pour l’ensemble de la procédure et pour nous deux, au regard des devis proposés par certains de vos confrères.
Et nous préfèrerions travailler en local.
Quelle marge de négociation proposez-vous ?
Conclusion
Inutile de vous dire que ma réponse a été rapide et sans appel.
D’ailleurs, il ne m’a pas recontacté par la suite…
Avant la procédure de divorce par consentement mutuel
Pour procéder au partage du patrimoine immobilier commun ou indivis, il faut, autant que faire se peut, que les époux soient d’accord sur toutes les conséquences du divorce, qu’il s’agisse :
- Des enfants, de leur lieu de vie, de la fréquence à laquelle ils verront l’autre parent, du partage des frais d’entretien et d’éducation, de la fixation éventuelle d’une contribution alimentaire….
- Du devenir des véhicules, biens meubles, etc…
- Du nom : est-ce que Monsieur autorise Madame à continuer à faire usage du nom marital ?
- De la date des effets du divorce,
- De qui prendra en charge quelle dette (impôts sur le revenus, crédits à la consommation…
- Du principe d’une prestation compensatoire, de la détermination de son montant, du mode de paiement
- De la répartition de l’épargne qui a pu être constituée durant la communauté de vie…
Bref, toute une série de questions qui doivent être envisagées, débattues et solutionnées.
Ensuite vient le temps de la rédaction de la convention de divorce, qui doit être parfaitement adaptée à la situation de chacun.
La procédure de divorce
Une fois les époux et avocats respectifs d’accord sur la rédaction de cette convention, et passé un délai de réflexion de 15 jours, les époux et leurs avocats respectifs se retrouvent dans le cadre d’un rendez-vous commun pour relire attentivement le document et le signer avant qu’il soit envoyé à un notaire pour enregistrement.
Enfin, la formalité de l’enregistrement effectuée, il reste à faire transcrire le divorce auprès des services de l’état civil.
Un processus qui peut s’avérer parfois long, notamment lorsque les époux ont un patrimoine immobilier qu’ils souhaitent liquider avant de divorcer.
La procédure de divorce est galvaudée sur internet
Certains sites sur la toile prétendent que ce type de divorce pourrait être bouclé en un mois, et pour la modique somme de 250 € par époux !
Mais quel scandale !
Quel peu de considération pour notre métier, pour l’application que nous sommes censés y apporter…
Quel peu de considération pour ce qui aura été un rêve de vie pour nos clients et que nous devons accompagner dans une démarche qui est bien évidemment impactante, douloureuse.
Des divorces à la pelle, à la chaîne… au suivant… et par ici la monnaie…
Je suis absolument consternée par ces marchands de divorce au rabais qui fleurissent sur la toile.
Une procédure de divorce, quelle qu’elle soit, c’est du temps, de l’écoute, de l’analyse juridique, des conseils, quand bien même la procédure sera beaucoup plus rapide qu’une procédure classique qui interviendrait devant les juges.
Arrêtez de croire que l’on peut divorcer pour 250 ou 300 €, par internet, sans scrupules ni problème.
C’est indigne aussi bien des avocats que de leurs clients.
Un divorce par consentement mutuel, c’est au minimum 1 200 € à 2 000 € par époux, et bien plus lorsque la situation patrimoniale est complexe à régler.
Parce qu’on a beau être d’accord pour dire que c’est fini, et que l’on vivra mieux séparés qu’ensemble, il convient de régler les choses humainement, sereinement mais aussi sérieusement, avec un professionnel qui saura prendre le temps qu’il faut et vous accompagner au mieux de vos intérêts, vous écouter, et vous aider à passer ce qui reste une épreuve, quoi qu’on puisse en penser.
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