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Impayés :

Solutions judiciaires

Si, malgré les relances d’un professionnel, la créance n’est toujours pas réglée, des actions plus radicales s’imposent. La voie judiciaire est alors nécessaire pour 2 raisons :

  • Certains débiteurs auront tendance à ne prendre les relances au sérieux qu’au stade de l’action en justice. Une convocation au Tribunal ou la signification d’une ordonnance peut être le seul moyen pour déclencher le paiement.
  • En cas de difficultés financières avérées, seule la contrainte par les voies de droit permet de récupérer tout ou partie de la créance avant une éventuelle cessation de paiement.

Le montant de la créance, la situation juridique et financière du débiteur, les contestations soulevées sont autant d’éléments à prendre en compte avant d’engager la procédure judiciaire la plus efficace.

La requête en Injonction de Payer

Idéale pour les petites créances notamment, cette procédure est simple et peu coûteuse. Même si aucun texte de loi ne fixe de limites quant au montant de la créance, les juges auront tendance à rejeter les demandes pour des sommes trop importantes. L’ordonnance portant injonction de payer est délivrée au débiteur par voie d’huissier. L’effet de surprise est total. Il n’est alors pas rare que cette notification débloque immédiatement le règlement. A défaut et sans opposition formée par le débiteur dans le délai d’un mois après la signification, les voies d’exécution sont ouvertes (saisies).

La requête en injonction de payer constitue la phase non-contradictoire de la procédure contentieuse. Cela signifie que le débiteur contre qui est portée la procédure d’injonction de payer ne peut pas se défendre : il n’est pas entendu par le juge et ne peut donc pas s’opposer aux arguments du créancier. A ce stade, soit le juge (civil ou commercial : Tribunal d’Instance ou Tribunal de Commerce) rend une ordonnance d’injonction de payer, soit il rejette la requête.

Deux hypothèses sont donc à considérer :

Si la requête est rejetée

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La requête est totalement rejetée

Le juge peut rejeter purement et simplement la requête en injonction de payer s’il considère qu’elle n’est pas fondée. Alors, la procédure d’injonction de payer prend fin.
Dans ce cas, vous pouvez tout de même agir en ayant recours à une autre procédure de recouvrement judiciaire telle que l’assignation en paiement ou encore le référé provision. Autant de moyens d’obtenir le paiement d’une créance.
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La requête est partiellement rejetée

Dans cette hypothèse, le juge donne droit à votre demande mais seulement pour une partie de la somme demandée.

Par exemple, vous avez effectué une requête en injonction de payer pour 1 000 € et le juge considère que seulement 500 € pourront être recouvrés.

Vous avez alors le choix suivant :

  • Soit vous acceptez de ne recouvrer qu’une partie de la créance ce qui met fin à la procédure d’injonction de payer.
  • Soit vous voulez recevoir paiement pour la totalité de votre facture, vous ne signifiez pas l’ordonnance à votre débiteur et vous engager une procédure de droit commun.

Si la requête est acceptée

Lorsque votre demande lui paraît fondée, le juge rend une ordonnance en injonction de payer. C’est alors au créancier qu’il appartient de signifier l’ordonnance en injonction de payer.

Il a 6 mois pour la porter à la connaissance du débiteur. Si elle concerne plusieurs débiteurs, vous devez la signifier à chacun d’entre eux. La signification doit obligatoirement être faite par un huissier de justice, une simple lettre recommandée avec accusé de réception ne suffit pas.

Attention :

Si vous dépassez le délai de 6 mois, la procédure d’injonction de payer sera considérée comme forclose. Vous ne pourrez plus bénéficier de l’ordonnance rendue par le juge.

L’exécution ou contestation de la décision

Une fois que vous avez informé le débiteur de l’ordonnance d’injonction de payer rendue à son encontre, il dispose d’un mois pour la contester par voie d’opposition auprès du Tribunal ou du juge civil qui l’a rendue.

L’absence d’opposition à l’injonction

Si le débiteur ne forme pas d’opposition dans le délai prévu ou qu’après avoir formé opposition il se désiste, le créancier peut demander l’apposition de la formule exécutoire sur l’ordonnance. Cela signifie qu’il pourra utiliser l’ordonnance pour obtenir le paiement de la part du débiteur. Le créancier dispose d’un mois pour solliciter la formule exécutoire. Ce délai court à compter de l’expiration du délai d’opposition du débiteur ou de la date de son désistement.

Dans cette hypothèse, le créancier demande l’apposition de la formule exécutoire auprès du greffe. Cette demande s’opère sans formalité et peut même être orale. Cette formule est indispensable pour forcer le débiteur à exécuter son obligation de payer, notamment par l’intermédiaire de saisies par huissier.

L’opposition à l’ordonnance d’injonction de payer par le débiteur

A compter de la signification de l’ordonnance d’injonction de payer au débiteur, ce dernier dispose d’un délai d’un mois pour former opposition. Cette étape permet d’instaurer un débat entre le créancier et le débiteur. Chacun pourra opposer arguments et preuves devant le juge.

L’opposition allonge la durée de la procédure d’injonction de payer et repousse le dénouement du litige.

Le débiteur doit former opposition au greffe, cela peut être effectué par déclaration, par lettre simple ou recommandée. Il ne doit s’acquitter d’aucun frais. Le tribunal convoque les parties et tente de les concilier. En l’absence de conciliation, il rend un jugement auquel le droit commun est applicable. Il s’agit d’une procédure classique.

La décision prise par le juge après l’opposition se substitue à la première ordonnance d’injonction de payer. Par exemple, si le juge avait reconnu l’existence de la créance dans l’ordonnance portant injonction de payer mais qu’à la suite de l’opposition formée par le débiteur, il considère que la créance n’est pas due, le créancier ne pourra pas utiliser la première ordonnance pour obtenir le paiement du débiteur.

En cas d’opposition du débiteur, la solution rendue par le juge peut vous être défavorable. Dans cette hypothèse les voies de recours ordinaires vous sont ouvertes :

  • Si votre demande concerne un somme supérieure à 4 000 € : vous avez 1 mois pour faire appel, alors de nouveaux juges examineront l’affaire dans son entièreté.
  • Si votre demande concerne une somme inférieure à 4 000 € : vous avez 2 mois pour saisir la Cour de cassation. Dans ce cas, l’affaire n’est pas de nouveau examinée. Le pourvoi devant la Cour de cassation permet uniquement de vérifier que la procédure et que les dispositions légales ont été respectées.

Sachez que le débiteur peut aussi faire appel ou former un pourvoi en cassation.

Le recouvrement de la créance

Si vous avez obtenu une ordonnance d’injonction de payer, que le débiteur n’a pas fait opposition ou que celle-ci n’a pas donné suite, vous pouvez obtenir le paiement de votre créance.

Dans ces deux cas, si le débiteur ne vous paie pas spontanément, vous devez avoir recours à un huissier. Il est le seul à pouvoir mettre en œuvre des mesures d’exécution de payer menant à des saisies.

Par exemple, il peut signifier à votre débiteur un commandement de payer, par exemple pour une saisie-vente : l’huissier va saisir puis vendre les biens de votre débiteur. Le produit de la vente sert ensuite à vous régler la somme pour laquelle vous avez lancé une procédure d’injonction de payer.

Deux grands types de saisies par huissier existent : saisie conservatoire et saisie-attribution, l’une étant simplement préventive et l’autre permettant de récupérer son dû directement.

L’assignation en référé

En matière commerciale, il est courant que l’urgence ordonne un jugement rapide. Le Référé permet de convoquer un débiteur au tribunal dans le mois généralement. Seul un délai minimum (quelques jours) entre l’assignation et la date de l’audience est nécessaire (laissé à l’appréciation du juge). Pour être efficace, la créance ne doit pas être sérieusement contestable, auquel cas la procédure au fond s’impose. Assigner un débiteur par voie d’huissier impressionne et peut déclencher un paiement avant même la date de l’audience.

L’assignation au fond

Cette procédure sera privilégiée si d’une part le montant de la créance est important et si d’autre part le débiteur a des moyens de défense qui nécessitent un débat contradictoire. Les délais de procédure sont généralement plus longs.

Dans ce cas, le Tribunal de Commerce est seul compétent des litiges opposant des professionnels (commerçants, artisans).

Si le débiteur est un particulier en revanche, seront compétents :

  • Le Tribunal d’Instance pour les litiges inférieurs à 10 000 € ;
  • Le Tribunal de Grande Instance pour les litiges d’un montant égal ou supérieur à 10 000 €

Généralement, le Tribunal compétent est celui du lieu de résidence du défendeur, sauf à ce qu’une clause d’attribution de compétence généralement portée aux conditions générales de vente, et applicables exclusivement dans les litiges entre commerçants.

Quand l’obligation de paiement n’est pas contestable, la difficulté n’est probablement pas l’obtention d’un jugement, mais son exécution.

Les voies d’exécution

L’exécution des décisions reste le monopole des huissiers de justice. C’est d’ailleurs probablement la phase de la procédure judiciaire la plus compliquée. L’huissier devra trouver les solutions adaptées au bon recouvrement de la créance (recherche compte bancaire, saisie sur salaire, véhicule …), conformément au code de Procédure Civiles d’Exécution.

A ce stade de la procédure, les cabinets d’avocat ont néanmoins encore un rôle à jouer. Il est en effet courant de renouer le dialogue avec le débiteur via son conseil, malgré la condamnation, pour trouver des solutions de paiement, et éviter ainsi des frais supplémentaires.

Si les solutions existent pour forcer un règlement, celles-ci nécessitent de la réactivité. Une action déterminée par un avocat à l’issue de relances amiables diminue le risque d’impayé. Pour être efficace, il convient en effet de pouvoir maîtriser l’ensemble de la procédure contentieuse, de la mise en demeure jusqu’à l’exécution d’une ordonnance de paiement.

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